La malentendance concerne 11 % des Français, et cet enjeu de santé publique était le sujet du petit déjeuner organisé le 8 décembre par l’Association nationale de la presse mutualiste (ANPM), en présence du Pr Bernard Fraysse, président de la Société mondiale d’ORL, de Marc Greco, directeur technique audition chez Écouter Voir et président du Syndicat national de l’audition mutualiste (Synam), et de Denis Le Squer, directeur général de la Fondation pour l’audition.
Les chiffres sont alarmants. Une personne sur quatre souffrira d’un problème d’audition d’ici 2050. Aujourd’hui, 11 % des Français sont confrontés à un problème de malentendance. Ce chiffre dépasse les 60 % chez les plus de 65 ans. Les enfants sont également concernés, car 3 sur 1 000 ont un problème d’audition sévère à la naissance.
Des cellules qui ne se régénèrent pas
Le tympan a pour mission de capter les vibrations que le son émet, puis de les envoyer dans la partie de l’oreille moyenne contenant les osselets. Ces derniers les transmettent à l’entrée de la cochlée. Ressemblant à une coquille d’escargot, la cochlée est remplie de liquide. « Elle contient environ 3 000 cellules sensorielles qui, quand elles sont lésées, ne se renouvellent plus », explique Denis Le Squer, directeur général de la Fondation pour l’audition. Il existe différents problèmes d’audition, qui sont d’origine génétique ou liés à l’âge. « Ils peuvent aussi être provoqués par un traumatisme acoustique, par des attaques bactériennes ou virales et par la prise de certains médicaments », souligne le Pr Bernard Fraysse, président de la Société mondiale des ORL. La perte d’audition n’est pas le seul problème auditif : nombreux sont les Français qui souffrent d’acouphènes ou d’hyperacousie.
Un isolement handicapant
Or les problèmes d’audition ont des conséquences non négligeables. « Non traités, ils ont des répercussions sur la vie sociale et réduisent les capacités de communication. Chez les enfants, les problèmes d’audition entravent les apprentissages. Chez les plus âgés, ils provoquent un déclin cognitif, une forme d’isolement, voire de dépression », détaille Denis Le Squer. Un constat alarmant partagé par Bernard Fraysse : « L’audition est la priorité numéro 3, selon l’OMS. Rappelons qu’il existe six millions de malentendants en France et que la surdité a des conséquences sur le neurodéveloppement. Elle peut aussi favoriser la démence chez les plus âgés et est associée à une moins bonne mémoire ».
L’importance du dépistage
Pour se prémunir contre ces risques, il est donc important d’effectuer un dépistage le plus tôt possible, dès la quarantaine. « Il faut se faire tester régulièrement pour réduire le temps de latence, qui est de cinq à sept ans en moyenne entre l’apparition des premiers signes et le diagnostic », complète Marc Greco, directeur technique audition chez Écouter Voir et président du Synam. « Le premier signe d’une mauvaise audition est une difficulté de compréhension dans le bruit, car l’environnement et la parole se mêlent. Il faut être vigilant quand ces signes sont unilatéraux, ils peuvent être liés à des pathologies organiques », alerte le Pr Fraysse. Proposée par la Fondation pour l’audition, l’application Höra, simple d’utilisation, permet d’évaluer la capacité à entendre dans le bruit.
Solutions adaptées
Des aides existent pour réduire les problèmes d’audition. Les prothèses auditives sont ainsi toujours plus efficaces et deviennent presque invisibles. « La technologie évolue très rapidement, et l’intelligence artificielle est de plus en plus utilisée. Les audioprothésistes sont mieux accompagnés et la réhabilitation donne satisfaction », remarque Marc Greco. Les implants cochléaires ont également fait leurs preuves, selon Bernard Fraysse.
Indispensable prévention
La lutte contre les problèmes d’audition passe aussi par la prévention auprès des seniors, des enfants et surtout des adolescents, qui écoutent souvent la musique trop fort et trop longtemps. C’est la raison pour laquelle la Fondation pour l’audition leur conseille de porter des bouchons d’oreille ou des casques lors des concerts. Elle propose par ailleurs des espaces de pause sonore dans certaines salles. « La Fondation a mis en place une campagne de sensibilisation : « Écoute bien et ne dépasse pas les 80 (décibels) ». En 2022, nous allons la poursuivre. Nous devons tous prendre conscience, et le plus tôt possible, de l’importance de la santé auditive ! », conclut Denis Le Squer.
Par Violaine Chatal, France Mutualité n°617