La dénutrition touche deux millions de personnes en France, dont 25% de seniors vivant seuls. Elle peut avoir de graves conséquences sur la santé et il est essentiel de la prévenir dès 70 ans.
Qu’est-ce que la dénutrition ?
La dénutrition est un syndrome qui résulte d’un déficit énergétique et protéique de l’organisme. Elle n’est pas nécessairement liée au poids ou à l’IMC : une personne obèse ou en surpoids peut souffrir de dénutrition. Cela peut être dû à plusieurs facteurs. Des apports alimentaires insuffisants peuvent causer une dénutrition : c’est-à-dire que la personne ne se nourrit plus suffisamment et ne dispose donc plus de l’énergie nécessaire pour assurer le bon fonctionnement de son organisme. Mais elle peut aussi être causée par une augmentation des besoins énergétiques, sans que l’alimentation ne soit modifiée. Dans ce cas, cela peut être lié à l’hypermétabolisme : les nutriments sont consommés rapidement par l’organisme, qui entre progressivement en dénutrition. Les deux facteurs peuvent être cumulés et impactés par un état de santé fragile, une maladie ou des causes psychosociales. La dénutrition se manifeste par une perte de poids rapide et significative ; l’organisme se fragilise petit à petit et devient plus vulnérable. Les épisodes pathologiques sont plus longs : angines, bronchiolites s’installent sur la durée et affectent la qualité de vie. Des troubles psychiques peuvent apparaître : pertes de mémoire, grande fatigue, irritabilité… Chez les personnes âgées, la dénutrition augmente le risque de chute, de réduction de la mobilité, d’infections urinaires et de dépendance.
Pourquoi la dénutrition touche-t-elle tant les seniors ?
Tout au long de la vie, notre métabolisme évolue : la manière dont notre organisme mobilise les apports énergétiques et la rapidité à laquelle il stocke et consomme les nutriments changent avec l’âge. Avec l’avancée en âge, la sarcopénie, c’est-à-dire la fonte musculaire, augmente et n’est pas toujours bien compensée par l’activité physique ou l’alimentation. La masse maigre diminue, ce qui peut altérer la forme et donc réduire la sensation de faim. D’autres facteurs de risques sont également liés à l’avancée en âge. L’altération du goût, conséquence directe de la vieillesse, peut avoir un impact important sur l’appétit : les aliments ont moins de saveur et l’envie de manger diminue. Des problèmes digestifs, gastriques ou bucco-dentaires peuvent aussi survenir : la digestion est difficile, les gencives sont douloureuses et la mastication est moins aisée, ce qui peut pousser à renoncer à certains aliments nutritifs mais difficiles à mâcher ou digérer (viandes, légumes crus…).
Mais d’autres facteurs psychosociaux peuvent intervenir. En cas de médication importante (plus de trois cachets par repas), il est normal d’avoir moins d’appétit. De même, le veuvage et l’isolement, surtout s’ils sont associés à un état dépressif, peuvent être à l’origine de la dénutrition. En outre, une idée reçue persiste chez les seniors, selon laquelle les besoins énergétiques baissent avec l’âge. Cela pousse bon nombre de personnes âgées à moins manger et à accorder peu d’importance à leur alimentation.
Prévenir la dénutrition après 70 ans
Il est essentiel pour les seniors dès 70 ans de bien surveiller leur alimentation afin de bénéficier de tous les nutriments nécessaires à une bonne santé. 4 à 10% des personnes âgées vivant à domicile souffrent de dénutrition : même à la maison, il convient de bien faire attention à ses repas. Même en cas de petit appétit, il est possible de fractionner l’alimentation en trois à quatre repas par jour et en y ajoutant une à deux collations. En cas de difficultés à se déplacer, il ne faut pas hésiter à opter pour la livraison de courses ou de repas, à congeler les restes, à acheter des denrées non périssables ou des plats préparés chez le traiteur. En cas de problème de mastication, il est possible de privilégier des textures plus faciles à consommer : charcuterie, pâté, laitages, viande hachée, poisson, omelette… Le médecin ou le pharmacien peuvent prescrire des soupes, biscuits ou crèmes enrichies en nutriments, pour compléter l’alimentation.
Les risques de dénutrition sont particulièrement élevés pour les personnes hospitalisées ou vivant en institution. Il ne faut pas hésiter à alerter les équipes soignantes en cas de problème, qui peuvent fournir des menus adaptés. Il est aussi possible de stocker dans sa chambre des collations sèches (barres nutritives, boissons enrichies…) à consommer une à deux fois par jour. Il est aussi recommandé de surveiller son poids en se pesant deux fois par mois, toujours à la même heure et de préférence à jeun.