Lorsqu’on souffre de troubles du sommeil, d’angoisses ou de stress, il est possible de se voir prescrire des somnifères ou des anxiolytiques pour retrouver un peu de sérénité. Mais ces médicaments doivent être utilisés avec parcimonie pour éviter l’accoutumance.
Les risques de dépendance aux médicaments psychoactifs
Le traitement médicamenteux de l’insomnie repose principalement sur deux familles de molécules :
- Les hypnotiques
- Les anxiolytiques (benzodiazépine, antihistaminiques…).
Les premiers ont une action directe sur le cerveau en réduisant l’activité neuronale pour préparer à la phase de sommeil. Leur vie peut être courte, pour faciliter l’endormissement, ou longue, pour favoriser une nuit de sommeil complète. Les anxiolytiques, en revanche, agissent sur différents récepteurs spécifiques du cerveau (GABA, sérotonine, histamine…) et produisent un effet sédatif qui permet de calmer les angoisses et/ou de faciliter le sommeil.
Problème : ces deux classes de médicaments peuvent créer un effet d’accoutumance et de tolérance. Au fil des prises, l’organisme s’habitue à ces actifs et y devient moins sensible, ce qui peut pousser à augmenter les doses ou leur fréquence. Après plusieurs semaines de traitement, le risque de dépendance augmente : le cerveau a de plus en plus de difficultés à entrer de lui-même en mode “sommeil”.
Ces deux phénomènes convergent dans l’apparition d’un syndrome de sevrage : maux de tête, insomnies, stress, angoisses, fatigue, difficultés à se concentrer… Cependant, l’accoutumance à ces substances peut être prévenue si l’on respecte bien les recommandations des professionnels de santé.
Bien gérer son traitement anxiolytique
Ce n’est pas parce que les hypnotiques et les anxiolytiques peuvent avoir des effets indésirables qu’il faut refuser ces traitements ! Bien utilisés, ils peuvent avoir des effets bénéfiques sur le stress ou les troubles du sommeil.
Les prescriptions sont obligatoirement limitées dans le temps. Les médicaments doivent être pris de préférence à heures fixes, au coucher, c’est-à-dire une fois que vous êtes au lit et prêt à vous endormir. Il est impératif de ne pas consommer d’alcool ou d’autres substances psychoactives, légales ou non, pendant toute la durée du traitement. Dans certains cas, la conduite de véhicules ou de machines peut également être proscrite.
Un médicament peut faciliter le sommeil, favoriser la sédation et réduire le stress, mais il ne pourra jamais produire un état de sommeil réparateur et naturel. C’est pourquoi la durée du traitement par somnifères ou anxiolytiques n’excède généralement pas quatre semaines. Votre médecin peut aussi vous proposer de passer une nuit sans médicament tous les deux ou trois jours, afin de surveiller l’évolution de la qualité de votre sommeil. Au-delà de vingt jours de prises consécutifs, le risque de dépendance et de tolérance augmente, ce qui favorise l’augmentation des doses. Pour limiter tout risque d’abus, il est donc primordial de respecter les recommandations de votre médecin. En cas de doute, vous pouvez aussi demander conseil à votre pharmacien.
Arrêter un traitement par somnifères ou anxiolytiques
Vous vous sentez prêt à arrêter votre traitement ? Pour éviter le syndrome de sevrage et ses effets délétères, l’arrêt doit être progressif et supervisé par votre médecin. Ce dernier doit d’abord s’assurer que vous êtes dans de bonnes conditions pour le faire : stress réduit, pas de pression au travail ou dans la vie personnelle… Les doses seront progressivement réduites afin d’éviter la réapparition des troubles. C’est le médecin qui définit les paliers et qui surveille l’évolution de l’arrêt. Il peut être normal d’expérimenter, pendant quelques jours, de la nervosité, des difficultés à s’endormir ou de la fatigue, mais ces symptômes disparaissent généralement d’eux-mêmes. S’ils persistent, le professionnel de santé adaptera la posologie : retour à des doses plus élevées, poursuite du traitement…
A noter que ces médicaments sont de plus en plus prescrits au “coup par coup”, c’est-à-dire pour des prises ponctuelles, n’excédant pas quatre jours consécutifs. Cette posologie est généralement plus efficace, mais permet aussi de limiter considérablement les risques d’accoutumance.