L’adolescence est le temps des premières expériences : premier amour, premier petit boulot, premiers choix pour les études… Et aussi premiers contacts avec des substances, légales ou non. En tant que parent, comment en parler sans tomber dans la moralisation ou le jugement ?
L’alcool, une substance légale mais dangereuse
Depuis tout petit, votre enfant a vu les adultes autour de lui, proches ou non, consommer de l’alcool. Il a peut-être pu en observer les effets délétères, voire tester lui-même quelques verres : plus de 80% des jeunes de 17 ans ont déjà consommé de l’alcool. Même si les campagnes de sensibilisation se multiplient, il existe quantités de boissons alcoolisées conçues pour les plus jeunes : aromatisées, avec des packagings ciblés… Pour prévenir les excès, rappelez la réalité scientifique et légale. La consommation d’alcool est interdite aux mineurs. D’un point de vue santé, l’organisme d’un adolescent, et en particulier son cerveau, n’est pas celui d’un adulte : la consommation d’alcool peut avoir des conséquences graves sur le développement psychique et cognitif d’un jeune. En outre, cela peut aussi renforcer des phénomènes d’addiction.
Assurez-vous que votre enfant soit bien capable de faire la différence entre une consommation occasionnelle et une consommation excessive. Beaucoup de jeunes pensent que boire uniquement le week-end, même en quantités importantes, n’est pas un problème. Installez un climat de confiance afin que votre enfant puisse vous parler à coeur ouvert en cas de problème, sans avoir peur du jugement.
Le cannabis : un sujet difficile et en plein débat
Alors que le cannabis se démocratise de plus en plus, il est difficile de rappeler aux jeunes que sa consommation n’est pas anodine. Cette substance est à ce jour toujours interdite, et pas qu’aux mineurs ! En revanche, sa consommation a évolué. Aujourd’hui, on sait que l’usage du cannabis ne “conduit” pas vers les drogues dures. C’était vrai dans les années 1970 ou 1990, mais aujourd’hui, les réseaux sont plus “spécialisés”. Néanmoins, le cannabis peut avoir des effets destructeurs sur le développement psychique des jeunes. Certains troubles psychotiques comme les bouffées délirantes et la paranoïa peuvent apparaître sous l’effet du THC. Certaines personnes le supportent mal et il faut rappeler aux adolescents que cette substance est tout sauf inoffensive.
Aujourd’hui, beaucoup de séries ou de films banalisent son usage. Vous pouvez en profiter pour rappeler à vos enfants que la vraie vie, ce n’est pas exactement comme dans les films. Vous pouvez aussi vous baser sur votre propre expérience, mais sans la dédramatiser. Témoignez avec simplicité, dites ce que vous ressentez, par exemple que vous avez déjà fumé plus jeune, mais qu’à votre sens il y a d’autres manières de profiter de sa jeunesse : voyager, partir à la rencontre des autres, s’investir dans une association…
Les drogues dures : attention danger !
MDMA, cocaïne, héroïne, LSD, champis… Là, on parle de substances qui peuvent mettre votre ado en grand danger. Ces sujets de conversation ne doivent pas être tabous dans une famille, car tout le monde peut y être confronté. Rappelez tout d’abord que les drogues dures ne peuvent se limiter à une “consommation occasionnelle” : même une seule prise d’ecstasy peut causer des dommages irréversibles sur le cerveau. L’héroïne et la cocaïne sont extrêmement addictives et mettre le doigt dans l’engrenage, c’est prendre le risque de devoir mettre sa vie sur pause le temps d’agir. Le LSD et les autres produits hallucinogènes sont extrêmement dangereux pour le cerveau et peuvent altérer le fonctionnement cognitif sur le long terme. Parlez-en sans jugement à vos enfants : reconnaissez que ce sont des sujets complexes, mais qu’il est impossible de se sortir des drogues dures sans aide. Rappelez-leur que vous êtes à leurs côtés pour les accompagner, mais que vous avez aussi un devoir d’honnêteté et de prévention envers eux.
A retenir pour dialoguer avec sérénité
- Évitez les grandes vérités. Parlez de votre point de vue, de votre ressenti, de votre expérience. Mais n’hésitez pas à rappeler ce que disent la loi et la science.
- Ces discussions importantes ne doivent pas être à sens unique. Demandez leur avis à vos ados, ce qu’ils observent dans leur entourage, ce qu’ils pensent de l’actualité…
- Éviter de rabaisser les personnes alcooliques ou les usagers de drogues. De même, les généralités (“ça n’arrive qu’aux autres/aux pauvres/aux paumés”) n’ont rien à faire dans une conversation préventive.
- Argumentez : utilisez des faits ou votre propre expérience pour justifier votre position face aux substances
- N’anticipez pas trop. Un jeune de douze ans ne fait pas face aux mêmes problématiques qu’un adolescent de 16 ou 17 ans. Parlez à hauteur d’ado, en vous adaptant à chaque âge.