L’anorexie est un trouble alimentaire qui touche 1 à 2% des femmes, en particulier à l’adolescence. Cette maladie n’est pas à prendre à la légère et nécessite une prise en charge spécifique et adaptée.
D’où vient l’anorexie ?
Si le jeûne et l’ascétisme ont souvent été valorisés au cours de l’Histoire, notamment religieuse, l’anorexie “moderne” est nommée et partiellement décrite à partir du XIXe siècle. C’est Jean-Martin Charcot qui, à cette époque, met au point une des premières méthodes de traitement : l’alimentation par l’isolement. Controversée, elle consiste à isoler les patientes et à les pousser à s’alimenter par l’ennui.
Il faut attendre les années 1950 pour que les médecins s’intéressent à ce trouble et en reconnaissent l’origine psychique et non physiologique. Depuis le XXe siècle, les cas sont en hausse dans tout le monde occidental et industrialisé. Ils touchent surtout les classes moyennes à supérieures. Certains sociologues avancent l’hypothèse d’un lien prégnant entre la représentation du corps, l’individualisme, l’esprit de compétition et l’anorexie mentale. La surreprésentation des personnes minces, voire maigres, dans tous les media joue certainement un rôle dans le développement de la maladie.
Les symptômes de l’anorexie
Plusieurs signes de troubles alimentaires doivent alerter :
- Refus de maintenir un poids normal
- Peur de prendre du poids
- Négation de la gravité de la maigreur
- Perte de poids importante et rapide (même si le poids reste normal !)
- Restrictions alimentaires (parfois sous prétexte d’intolérances)
- Absence de règles (aménorrhée)
- Isolement
- Vomissements provoqués après un repas…
Certaines personnes anorexiques sont également sujettes à des crises de boulimies qui peuvent passer inaperçues mais doivent être prises en charge.
Les personnes les plus touchées sont généralement les adolescents et préadolescents. On entend souvent que les femmes sont majoritaires chez les anorexiques, mais la maladie peut aussi atteindre les hommes. Dans certains corps de métiers qui exigent une maîtrise de son poids (mannequinat, pratique sportive professionnelle…), on compte un nombre important de personnes sujettes aux troubles alimentaires. Enfin, un régime alimentaire strict pour raisons médicales (diabète, cholestérol…) peut être un facteur de développement de l’anorexie.
Soigner l’anorexie : agir vite et en douceur
Bien qu’il soit difficile de prévenir l’anorexie, il est important pour les parents d’aider leurs enfants, dès le plus jeune âge, à cultiver une image positive de leur corps et du corps des autres : en valorisant toutes les formes, toutes les tailles, en complimentant… Il est essentiel d’éviter les plaisanteries sur le poids ou les remarques désobligeantes, même si on pense bien faire.
Pour repérer la gravité de l’anorexie, le médecin se base sur plusieurs informations :
- La restriction alimentaire est importante, tant par les quantités consommées que pour les valeurs nutritionnelles
- L’amaigrissement est important, voire brutal
- L’absence de règles chez les jeunes femmes.
Le traitement de l’anorexie nécessite les compétences de plusieurs disciplines. Un suivi médical est essentiel pour contrecarrer les effets néfastes de la maladie : carences, perte de cheveux, problèmes rénaux… Une psychothérapie ou une thérapie familiale sera également mise en place par un psychiatre ou pédopsychiatre spécialisé dans les troubles alimentaires. Enfin, la rééducation nutritionnelle permet de rassurer les patients sur les apports des aliments, de les aider à retrouver plaisir à manger…
Dans certains cas, une hospitalisation peut s’avérer nécessaire. L’anorexie est une maladie grave, dont le taux de mortalité est le plus élevé des maladies psychiatriques. Les médecins sont généralement prudents sur les chiffres de guérison. Comme tous les troubles alimentaires, l’anorexie peut survenir plusieurs fois au cours de la vie. Les patients sont donc invités à être vigilants, surtout en cas d’événement traumatisant (deuil, divorce, chômage…).