En France, de plus en plus de femmes ont des enfants tardivement. Dans une étude récente, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) indique que, parmi les nouveau-nés de 2015, 5 % ont une mère de 40 ans ou plus. La part de ces maternités tardives augmente régulièrement depuis le début des années 1980. Depuis cette période, les naissances tardives sont de plus en plus souvent des premières naissances. Mais lorsqu’elles sont bien suivies, la grande majorité des grossesses tardives se déroulent normalement.
Le premier trimestre est déterminant, car c’est à cette période qu’une fausse couche spontanée peut se produire. Le taux de fausses couches augmente en effet sensiblement avec l’âge : il est de l’ordre de 20 % à 40 ans, contre environ 10 % à 25 ans. C’est également durant les premières semaines que certaines anomalies chromosomiques du fœtus doivent être détectées, telles que la trisomie 21. Là aussi, l’âge entre en ligne de compte. Alors que le risque de mettre au monde un bébé atteint de trisomie 21 n’est que de 1 pour 1500 naissances à 25 ans, il s’élève à 1 sur 100 chez les femmes de 40 ans. « En France, un dépistage de la trisomie est systématiquement proposé à toute femme enceinte, rappelle François-Xavier Boyer de Latour, gynécologue-obstétricien à Saint-Quentin, dans l’Aisne, et vice-président du Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof). Ce dépistage intègre l’âge maternel, la mesure de la clarté nucale (mesure de l’épaisseur de la nuque du fœtus par échographie) à douze semaines d’aménorrhée (depuis les dernières règles) et des dosages hormonaux ». Même si le praticien reconnaît que ce dépistage permet de « “gommer” le surrisque de trisomie 21 induit par l’âge maternel », il alerte sur le fait qu’« il engendre un nombre accru d’amniocentèses ou de biopsies de trophoblaste, qui consistent à prélever du liquide amniotique ou des cellules du futur placenta ». Or « ce sont des examens invasifs et dangereux, puisqu’ils entraînent une fausse couche sur 200 ponctions », prévient-il.
Fortement recommandée par les médecins à partir de 38 ans lorsque les examens échographiques et les résultats de la prise de sang laissent apparaître un risque, l’amniocentèse permet de déceler toute atteinte chromosomique du fœtus. Fiable à 100 %, elle est entièrement prise en charge par l’Assurance maladie. Il existe cependant un moyen quasiment infaillible de dépister ou non un risque de trisomie chez le fœtus, dès la douzième semaine d’aménorrhée, sans avoir à passer par une amniocentèse. Il s’agit du dépistage prénatal non invasif (DPNI), un test génétique réalisable à partir d’une simple prise de sang maternel. Celui-ci « permet d’obtenir un diagnostic fiable à 99,7% », souligne le docteur Boyer de Latour. « Si le DPNI montre une trisomie 21, celle-ci sera confirmée par une amniocentèse, précise-t-il. En revanche, s’il ne montre pas de trisomie, il permettra d’éviter la pratique toujours dangereuse d’une amniocentèse ».
Une grossesse implique d’importantes transformations physiques. Chez la femme de 40 ans ou plus, elle peut décompenser une pathologie latente comme une hypertension, une maladie rénale ou un diabète, qui sont les plus fréquentes et que le gynécologue-obstétricien doit surveiller dès les premières consultations prénatales. Le diabète gestationnel est la complication la plus courante, notamment chez les femmes en surpoids. Il est à suivre de très près, car il peut entraîner un excès de poids chez le bébé. Dans tous les cas, le docteur Boyer de Latour se montre rassurant : « Bien entendu, une première grossesse est plus complexe, car chez les femmes qui ont déjà eu un enfant, on a déjà éliminé ces pathologies. Néanmoins, rien ne sert d’inquiéter les futures mamans, les risques étant bien connus et bien pris en charge. Les examens programmés tout au long de la grossesse restent les mêmes quel que soit l’âge ».
En revanche, la fertilité baisse considérablement avec l’âge. « À 40 ans, les femmes sont jeunes, mais leurs ovaires, eux, sont restés à l’époque paléolithique », affirme le médecin. À partir de 35 ans, le nombre d’ovulations diminue et il devient donc plus difficile de tomber enceinte. « La stérilité de ces femmes autour de la quarantaine est très difficile à prendre en charge et tous les traitements sont le plus souvent inefficaces, car on ne peut rien actuellement contre ce vieillissement ovarien », reconnaît François-Xavier Boyer de Latour. Passé 45 ans, les chances d’avoir un enfant sans aide médicale sont quasi nulles. Cette chute de la fertilité est ressentie comme une injustice par nombre de femmes qui se sentent jeunes et suffisamment en forme pour envisager une grossesse, mais qui ont trop attendu et qui rencontrent d’énormes difficultés à concevoir. Il faut savoir également que la fécondation in vitro (FIV) réussit moins bien chez les femmes de 40 ans que chez leurs cadettes, en raison d’une baisse de la qualité des ovocytes.