Contraception masculine : ce qui a changé en quatre ans
En France, plus de 70% des femmes sont concernées par le risque de grossesse non désirée et donc par la contraception. Cependant, les méthodes féminines restent plébiscitées, la pilule en tête, les hommes n’ayant traditionnellement que peu de contraceptifs qui leur sont dédiés. Mais les moyens de contraception masculine se développent malgré tout, sous l’impulsion de médecins, chercheurs et patients qui souhaitent prendre leur part de responsabilité dans la santé sexuelle et reproductive de leurs compagnes.
Les méthodes mécaniques existantes : les plus connues
Certaines méthodes de contraception masculine sont bien connues depuis des générations : le préservatif et le retrait. Le préservatif est d’ailleurs le seul moyen de se protéger contre les IST et MST. En moyen de contraception quotidien, il n’est cependant pas toujours apprécié : inconfort, coût élevé, déchets générés, risques de déchirure… S’il reste un moyen fiable, il est souvent associé à un autre moyen de contraception afin de limiter au maximum les risques de grossesse non désirée.
Le retrait, en revanche, n’est pas considéré comme une méthode fiable par les professionnels de santé. En effet, le liquide pré-séminal peut contenir des spermatozoïdes d’une précédente éjaculation et donc provoquer une grossesse. En outre, le sperme ne doit pas entrer en contact, même externe, avec la vulve. Si cette méthode convient à certains couples, parfois en association avec un autre moyen de contraception, elle n’est pas adaptée aux personnes en plein pic de fertilité.
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Les méthodes hormonales : difficiles à mettre en place
Depuis longtemps, de nombreux chercheurs tentent de mettre au point une pilule contraceptive hormonale pour les hommes. Problème : le seul moyen d’inhiber la production de gamètes via une hormone passe par l’injection régulière de testostérone. Si d’autres formules sont à l’étude comme des gels à appliquer quotidiennement, en France, seul le traitement par injection intramusculaire hebdomadaire est autorisé, pour une durée de 18 mois maximum. Efficace au bout de trois mois, cette méthode doit être contrôlée par spermogrammes réguliers et le médicament utilisé, l’Androtardyl, reste à la charge du patient. La testostérone ne pouvant être administré par voie orale en raison de sa toxicité pour le foie, une pilule hormonale pour hommes paraît peu probable dans les années à venir.
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Les méthodes thermiques : simples mais peu utilisées
Depuis l’Antiquité, les savants ont observé qu’augmenter la température des testicules affecte la fertilité masculine. En effet, celles-ci ont besoin d’être maintenues à une température inférieure à celle du reste du corps pour produire des spermatozoïdes. Lorsqu’elles sont plaquées contre le scrotum, pendant une longue période, la production de spermatozoïdes baisse naturellement, jusqu’à devenir quasi nulle. Ce type de contraception nécessite le port d’un sous-vêtement adapté ou d’un anneau 15 heures par jour. Son efficacité doit être contrôlée par spermogramme et peut être observée à partir de trois mois. Par mesure de sécurité, l’utilisation de la contraception thermique ne peut excéder quatre ans. A date, un médecin français a développé les différents modèles de sous-vêtements à utiliser, mais leur production n’est pas encore industrialisée. Les hommes peuvent se les fabriquer eux-mêmes, à condition de trouver un médecin acceptant de suivre leur santé reproductive, de prescrire les spermogrammes… Cette méthode très simple et complètement réversible a fait l’objet de plusieurs études, mais aucun laboratoire ou industriel n’a à ce jour racheté le brevet du sous-vêtement ou mis en lumière la méthode. Pour l’instant, elle reste peu connue des professionnels de santé et il est donc difficile de se procurer le matériel ou d’accéder au suivi nécessaire pour la mise en place de cette méthode.
Une pilule pour homme utilisant la génétique ?
Si les méthodes hormonales ou thermiques restent peu connues et demandent un certain engagement de la part des patients et des professionnels de santé, des chercheurs continuent à tenter de trouver le meilleur moyen de réduire la fertilité masculine de manière réversible et sécurisée. En 2024, une étude s’est penchée sur sur une nouvelle approche : inhiber la protéine responsable de la mobilité des spermatozoïdes en inactivant le gène à l’origine de sa production. Il pourrait donc être possible de produire une pilule inhibant au niveau génétique la production de cette protéine de manière réversible avec des risques limités pour la santé. Toutefois, une telle innovation prendra vraisemblablement du temps à être mise au point, testée et industrialisée.
Et la contraception définitive
Le moyen de contraception masculine le plus sûr reste, à date, la vasectomie ou stérilisation volontaire. L’opération se réalise sous anesthésie locale et consiste à sectionner le canal déférent emprunté par les spermatozoïdes lors de l’éjaculation. Le rétablissement est rapide et les risques de complication limités. Cependant, la vasectomie est considérée comme irréversible. Si, dans certains cas, il est possible de reconstituer le canal déférent, l’intervention ne fonctionne pas systématiquement. Cette méthode doit donc être envisagée lorsqu’on est certain de ne pas/plus souhaiter d’enfant.
Sources : INSERM, Angela F. Ku et al., Reversible male contraception by targeted inhibition of serine/threonine kinase 33.Science384,885-890 (2024). DOI : 10.1126/science.adl2688
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