S’il subit les ravages du temps, l’organisme peut aussi parfois s’autoréparer. Cette capacité a inspiré la médecine régénérative, qui a pour objectif de remplacer ou de renouveler des gènes, des cellules ou des organes défaillants.
Le vieillissement semble inéluctable et, année après année, notre corps s’use. Pourtant, notre organisme est aussi capable de véritables prouesses biologiques. Ainsi, certains de nos organes peuvent se régénérer. La peau, et plus précisément sa couche supérieure, appelée l’épiderme, se renouvelle naturellement entre 21 à 28 jours.
Certains organes internes ont aussi cette capacité. C’est le cas de l’intérieur de l’estomac, dont les cellules se régénèrent tous les quatre ou cinq jours pour supporter leur environnement acide. Les os sont également soumis à un processus de renouvellement caractérisé par le remplacement de tissu ancien par du tissu neuf, ce qui leur permet de s’autoréparer et de retrouver leur efficacité après une fracture.
Mais l’organe le plus efficace, en ce qui concerne la régénération, est le foie. Même si une grande partie est abîmée, il peut se régénérer complètement grâce à ses 300 millions d’hépatocytes qui assurent des missions de détoxication, d’épuration, de synthèse du cholestérol et de mise en réserve du glucose, sous forme de glycogène.
Réparation d’une partie lésée de la moelle épinière
Malheureusement, tous les organes ne possèdent pas cette capacité. C’est pour cette raison qu’a été créée la médecine régénérative, qui consiste à soigner une lésion ou un organe malade ou endommagé grâce à un nouveau tissu cellulaire, créé spécialement à cet effet. Elle repose notamment sur la thérapie cellulaire, basée sur la greffe de cellules, afin de restaurer la mission d’un tissu ou d’un organe. Ces cellules sont obtenues à partir de cellules souches non spécialisées. Dites indifférenciées, elles peuvent s’autorenouveler et donner naissance, en fonction de la zone où elles se trouvent, aux diverses cellules qui peuplent nos tissus. Il existe plusieurs sortes de cellules souches. Présentes dans la moelle osseuse, les cellules souches dites hématopoïétiques peuvent reconstituer les cellules du sang. Elles sont appelées des cellules souches pluripotentes. Une deuxième catégorie de cellules souches concerne celles présentes dans certains de nos organes et qui ont pour rôle de régénérer en permanence leurs tissus. Elles sont qualifiées de multipotentes. Provenant du malade ou d’un donneur, les cellules souches, une fois injectées dans l’organe ciblé ou à proximité, reconstituent un tissu sain. Rétine, peau, pancréas, os, dents, muscles ou encore cerveau : les organes concernés par la thérapie cellulaire sont nombreux ! Elle possède de nombreuses applications et permettrait notamment de reconstruire des tissus du cerveau altérés par des maladies neurodégénératives ou du tissu du foie, pour venir à bout d’une maladie affectant cet organe.
Pistes de recherche
En théorie, la médecine régénérative pourrait aussi permettre de restaurer une partie endommagée de la moelle épinière. De nombreux essais cliniques sont en cours dans ce domaine et les espoirs sont nombreux. En septembre 2021, des chercheurs de l’Inserm, du CNRS et de l’Université Claude-Bernard Lyon 1 sont ainsi parvenus à transformer des cellules du cerveau en nouveaux neurones, qui permettent de diminuer de moitié l’activité épileptique chronique.
Plus récemment, la start-up nantaise GoLiver Therapeutics a obtenu des fonds afin de fabriquer un bio-médicament à partir de cellules souches pluripotentes. Destiné au traitement des insuffisances hépatiques sévères, il pourrait permettre, dans un avenir plus ou moins lointain, aux malades de survivre sans greffe et avec leur propre foie régénéré.
Les animaux champions de la régénération
L’être humain n’est pas le seul à pouvoir en partie s’autorégénérer. Ainsi, le poisson zèbre est capable de faire repousser entre autres ses nageoires caudales, des parties de son cerveau et son cœur. Un gecko léopard qui a perdu sa queue peut aussi la renouveler, généralement en moins d’un mois. Enfin, l’hydre est un organisme pluricellulaire qui possède la capacité de faire repousser les parties de son anatomie amputées, qui peuvent elles-mêmes donner naissance à un nouvel animal !