Qui n’a jamais entendu les sempiternelles recommandations : faire 30 minutes de sport par jour ou encore marcher dix mille pas quotidiennement ? Quels risques encourent ceux qui ne s’y conforment pas ? Et surtout, cela compensera-t-il toutes les heures passées sans bouger du reste de la journée ? Attention aux conséquences insoupçonnées de la sédentarité.
Ce n’est pas un secret : la grande majorité des Français ne bouge pas assez. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), cette inactivité chronique est même devenue un véritable fléau de santé publique. Pour alerter, l’Agence avance un chiffre étonnant : « 95 % de la population française adulte est exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d’activité physique ou un temps trop long passé assis, révèle-elle dans un communiqué publié en février 2022. Ces risques sont majorés lorsque le manque d’activité physique et l’excès de sédentarité sont cumulés. » Même si ce chiffre paraît exagéré étant donné qu’il a été établi à partir de trois critères qu’il fallait réunir, à savoir 30 minutes de travail cardio-respiratoire cinq fois par semaine, 40 minutes de musculation et 40 minutes d’assouplissement hebdomadaires, le ministère de la Santé confirme que « moins de la moitié des Français âgés de 15 à 75 ans atteignent un niveau d’activité physique favorable à la santé. » L’étude de l’Anses montre, en outre, de fortes disparités : d’une part, 70 % des femmes sont en deçà de tous les seuils contre 42 % des hommes et, sans surprise, les sédentaires sont plus nombreux en ville qu’en milieu rural.
Distinguer la sédentarité de l’inactivité physique
Si chacun est informé sur le fait qu’un certain degré d’activité physique est nécessaire pour rester en bonne santé, peu, en revanche, savent distinguer l’inactivité de la sédentarité. Car les deux termes n’ont pas la même signification. Le premier désigne l’absence ou le manque d’activité physique par rapport aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui en préconise 30 minutes au minimum cinq jours sur sept pour les adultes et au moins 60 minutes par jour pour les enfants et adolescents. Le second, lui, représente le fait de rester trop longtemps allongé ou assis, en dehors du temps de sommeil. Cela correspond, par exemple, au temps passé assis, au travail devant son ordinateur, à l’école, dans les transports ou bien lors des moments de loisirs, notamment devant les écrans. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, des séances de sport ne compensent pas les effets délétères de cette totale inaction.
Ne pas rester assis (trop longtemps)
Souvent comparée au tabagisme car elle est la cause d’une hausse de la mortalité, cette sédentarité galopante s’est bien installée dans les pays développés, où le secteur tertiaire prédomine. En France, les adultes passent en moyenne 7 heures par jour assis et 38 % dépassent les 8 heures, ce d’autant plus qu’ils sont jeunes (42 % des 18-44 ans, contre 31 % des 45-64 ans). Au-delà de 8 heures, chaque heure supplémentaire passée assis augmente le risque de mortalité globale de 12 % et de décès cardiovasculaire de 22 %. La position assise prolongée accroît la libération de ghréline, une hormone qui stimule l’appétit et qui favorise, par conséquent, l’obésité. Elle concourt aussi à élever le taux de sucre sanguin et la pression artérielle. Quant aux muscles, ils perdent, logiquement, de leur tonus. Il est donc primordial de lutter contre l’immobilité en se levant au moins toutes les heures afin d’effectuer quelques mouvements. On peut, par exemple au travail, profiter de ses coups de fil pour se dégourdir les jambes et aller voir un collègue au lieu de lui envoyer un mail ou rester debout dans les transports en commun, etc.
Par Isabelle Coston, France Mutualité n°622