Les biomédicaments sont produits à partir du vivant, contrairement aux médicaments classiques fabriqués chimiquement. Ils permettent de proposer une large palette de traitements et ouvrent de nouvelles perspectives thérapeutiques.
Aujourd’hui, un médicament sur deux en développement dans le monde est un biomédicament. Produits à partir d’une source biologique vivante comme des cellules (originaires du monde animal ou végétal) ou des bactéries, ils se distinguent des médicaments dont le principe actif est issu de la synthèse chimique et qui restent, pour l’heure, les plus représentés dans la pharmacopée.
Soigner cancers, maladies inflammatoires, auto-immunes…
Le terme biomédicaments regroupe en effet différentes classes de produits pharmaceutiques : des vaccins, des hormones, des anticorps monoclonaux — des cellules sélectionnées pour leur capacité à produire un anticorps spécifique dirigé contre un antigène (virus, bactérie pathogène) —, ou encore des protéines dites recombinantes, produites par un micro-organisme dans lequel un gène étranger humain est introduit pour permettre de fabriquer une protéine d’intérêt. Ils sont aussi utilisés dans les thérapies innovantes à l’image de la thérapie génique : on introduit dans des cellules ou les tissus du patient du matériel génétique pour soigner une maladie. La thérapie cellulaire qui consiste à transplanter de cellules saines pour remplacer les cellules malades d’un patient et la thérapie tissulaire, pour laquelle on pratique une greffe de tissus vivants, reposent aussi sur des biomédicaments. Cancers, maladies inflammatoires, auto-immunes ou infectieuses, déficiences génétiques et hormonales peuvent ainsi être traités grâce à ces derniers.
Une médecine ciblée et personnalisée
Le principal avantage des biomédicaments est qu’ils permettent de viser un type de cellules bien précis. Contrairement à une chimiothérapie classique par exemple, dont l’action a des conséquences sur l’organisme tout entier pour bloquer la réplication des cellules cancéreuses, un biomédicament pourra agir directement au niveau de la tumeur cible. Cette thérapie ciblée permettra en plus de limiter les effets secondaires du traitement. Elle pourra également être adaptée selon le profil génétique du patient concerné, ce qui en fait un atout dans la recherche d’une médecine plus personnalisée.
Les multiples étapes de la bioproduction
La fabrication de biomédicaments, processus appelé bioproduction, demande du temps et de la précision. Les scientifiques font croître des cellules vivantes dans un milieu très contrôlé afin d’obtenir par exemple la protéine qui les intéresse. Ensuite, ils la récoltent, la purifient, la filtrent, etc. A chaque étape, des contrôles de qualité sont réalisés. Au total, le processus prend de 5 à 21 jours en moyenne et les rendements sont généralement modestes. Toutefois, les innovations et l’augmentation des connaissances permettent régulièrement d’améliorer ces paramètres. La production de certains anticorps notamment, connus depuis plusieurs dizaines d’années, est ainsi d’ores et déjà optimisée.
Un enjeu de santé publique
Le 7 janvier 2022, le Gouvernement a présenté sa stratégie « Biothérapies et bioproduction de thérapies innovantes », dotée d’une enveloppe de 800 millions d’euros. Elle fixe notamment l’objectif de produire, sur le sol français, au moins dix biomédicaments contre les cancers et les maladies chroniques, dont celles liées à l’âge, d’ici à 2025 et vingt d’ici à 2030. « Aujourd’hui, la France ne produit sur son territoire qu’un vingtième des biomédicaments dont elle a besoin et les capacités de production mondiales ne permettront pas de répondre à la future demande », indique le ministère des Solidarités et de la Santé. Cette stratégie devrait donc permettre de soutenir les innovations technologiques et biologiques afin de « produire plus, à un prix maîtrisé, tout en garantissant la sécurité des patients ».
Par Léa Vandeputte, France Mutualité n°622