Des premières découvertes sur le système circulatoire à l’ouverture du don du sang à tous, découvrez avec MCF la grande histoire de la transfusion sanguine.
La découverte de la circulation sanguine et les premières tentatives de transfusion
Dès les premières dissections, les médecins de l’Antiquité étudient le cœur, les reins et émettent des théories sur leur rôle. En Egypte ancienne, par exemple, le papyrus Eber évoque que le cœur est le centre de l’irrigation assurée par les vaisseaux sanguins. Les artères sont également connues, mais les médecins de l’époque pensaient qu’elles étaient chargées du transport de l’air : lorsqu’on dissèque un animal mort, ses artères sont vides.
Mais il faut attendre le XVIIe siècle pour que William Harvey, médecin anglais, s’appuie sur plusieurs traités médicaux antérieurs pour démontrer que le sang est en perpétuel mouvement dans l’organisme, en circuit fermé : depuis le cœur, par les artères, puis des veines au cœur à nouveau. Cette découverte ouvre la voie aux premières tentatives de transfusion.
Les premiers essais sont réalisés avec du sang animal et se soldent par des échecs. En 1670, la transfusion sanguine est totalement interdite en France, pour éviter les accidents. Il faut attendre 1818 pour que les premiers dons avec du sang humain soient réalisés. Cependant, le manque de connaissances de l’époque ne permet pas d’obtenir des résultats très probants.
La découverte des groupes sanguins et les deux guerres mondiales
C’est en 1901 que Karl Landsteiner fait une découverte qui va tout changer à la médecine : le système ABO des groupes sanguins. C’est ce qui va permettre aux scientifiques d’analyser et de classer les groupes sanguins mais aussi d’évaluer leur compatibilité. La voie à la transfusion sanguine moderne est ouverte !
Si la plupart des tentatives de cette époque réussissent pour les donneurs comme pour les receveurs, la transfusion reste relativement marginale. C’est en 1914, face à l’afflux des blessés sur le champ de bataille, que seront réalisées les premières transfusions par poche sur les soldats blessés. Lors de la Seconde Guerre mondiale, la découverte du facteur Rhésus et de nouvelles méthodes de conservation rendent l’opération de plus en plus sûre. La première banque de sang, chargée de la collecte, de la préparation et de la distribution des poches, voit le jour en 1940 aux Etats-Unis. Elle permet d’approvisionner les Alliés pendant toute la Guerre et de sauver des milliers de vies.
Du don anonyme et gratuit au sang contaminé
C’est en 1952 que la loi française institue le don éthique. Le sang ne peut être considéré comme un médicament ou un bien marchand, il ne peut donc être collecté que par un don libre, anonyme et gratuit, afin de garantir l’égalité des malades dans l’accès aux soins.
Jusque dans les années 1980, le don est sous la responsabilité des médecins et coordonné par le Centre national de transfusion sanguine. Malheureusement, en 1981, l’épidémie de SIDA va rebattre les cartes. Trois ans plus tard, plusieurs études démontrent le rôle du sang dans la transmission du virus : les produits sanguins posent donc un risque sanitaire important. Plusieurs milliers de Français contractent le VIH ou l’hépatite C suite à une transfusion, la majeure partie des victimes étant atteintes d’hémophilie. Il faudra attendre les années 1990 pour que des décisions fortes soient prises afin de sécuriser le don du sang. Des stocks contaminés sont détruits et un organisme unique est créé pour garantir des produits sanguins sains : l’Agence française du sang, futur EFS.
Le don du sang pour tous
Le don du sang évolue à partir des années 1990 pour garantir la sécurité du receveur. Sont écartées toutes les personnes considérées à risque de contracter des maladies graves transmises par le sang :
- Voyages ou séjours dans des zones à risques (paludisme, dengue, VIH…)
- Tatouages, piercings ou intervention chirurgicale récente
- Antécédent de transfusion ou de greffe
- Antécédent, même ancien, d’usage de drogues par injection
- Rapports sexuels entre hommes
- Partenaires sexuels multiples au cours des derniers mois.
Pendant longtemps, le don a en effet été fermé aux hommes ayant des rapports avec d’autres hommes, considérés comme étant plus à risque de contracter le VIH que le reste de la population.
Depuis 2001, le sang est systématiquement testé après le don. Cependant, ce n’est qu’en 2022 que tous les hommes ont été autorisés à donner leur sang, indépendamment de leur orientation sexuelle, dans les mêmes conditions que les autres donneurs. Une avancée très importante, car elle permet d’augmenter le nombre de donneurs potentiels et d’aider la France à atteindre l’auto-suffisance en produits sanguins.