Le nomadisme médical désigne un phénomène relativement marginal qui concerne les patients qui multiplient les consultations médicales, sans respecter le parcours de soins coordonnés, dans une période de temps rapprochée. Cette tendance peut avoir différentes causes et être à l’origine d’importants risques pour la santé des patients et la responsabilité des praticiens. 

Définir le nomadisme médical

On parle de nomadisme médical lorsqu’une personne consulte plusieurs médecins différents pour une même cause, sans en informer les praticiens et pendant une période rapprochée. Les professionnels de santé, spécialistes ou non, peuvent être consultés simultanément ou successivement, sans qu’un suivi global ne soit assuré. 

La plupart des patients restent fidèles à leur médecin-traitant : le nomadisme médical reste marginal. Cependant, dans certains cas, nous sommes amenés à consulter plusieurs professionnels de santé, sans que cela ne s’apparente à du nomadisme : 

• Consultations ponctuelles en cas d’absence ou d’indisponibilité du médecin habituel
• Consultations pour un second avis, avant une opération chirurgicale, par exemple
• Consultation de spécialistes sur recommandation ou prescription du médecin-traitant. 

En général, toutes ces consultations occasionnelles s’inscrivent dans le parcours de soins coordonnés et le médecin-traitant accède à tous les compte-rendus des rendez-vous. Dans le cas du nomadisme médical, le parcours de soins n’est pas respecté et il est difficile pour les équipes médicales de savoir quels examens ont été réalisés, quels traitements ont été prescrits, quels vaccins ont été administrés… 

Des causes très variées

Le nomadisme médical  peut avoir plusieurs explications, très différentes les unes des autres. Dans certains cas, le phénomène s’observe chez les personnes dépendantes aux médicaments. Pour obtenir la plus grande quantité possible, ces patients multiplient les rendez-vous non coordonnés : la plupart des médicaments psychotropes sont limités en prescription et en délivrance. 

L’autre grande cause du nomadisme médical est le manque de confiance dans les professionnels de santé et il peut aussi avoir différentes origines. Les patients sont de plus en plus informés sur la santé et certains développent parfois leurs propres opinions sur la vaccination, les traitements médicamenteux, la contraception et multiplient les consultations pour trouver un praticien qui abonde dans leur sens. Néanmoins, pour d’autres, le manque de confiance peut être dû à un traumatisme médical : examen non consenti, agression, jugement, traitement inadapté, contrainte… Dans ce cas, la confiance ne peut être reconstruite que petit à petit, avec l’aide d’un professionnel de santé particulièrement bienveillant et habitué à ces problématiques. 

Enfin, il existe certaines affections mentales proches de l’hypocondrie qui poussent les patients à consulter plus que de raison. Ces troubles doivent être traités avec un praticien habilité à intervenir dans ces cas précis. 

Des risques importants

Le nomadisme médical pose plusieurs problèmes pour le patient, pour le médecin, mais aussi pour l’Assurance maladie qui doit prendre en charge un grand nombre de consultations et de traitements. 

Le patient en situation de nomadisme risque la surmédication : différents traitements peuvent être prescrits, les quantités ingérées peuvent être élevées ou les molécules peuvent interagir et avoir de graves effets sur la santé. Des examens multiples peuvent être prescrits et se révéler inutiles ou dangereux : radios, prises de sang, IRM… Le médecin consulté ne connaîtra pas bien les antécédents du patient et ne sera donc pas en mesure d’établir un diagnostic fiable et de prescrire le bon traitement. Il peut y avoir des complications, qui relèvent de la responsabilité du professionnel de santé jusqu’à ce que le nomadisme médical soit prouvé et acté juridiquement. 

Lorsqu’un médecin pose un diagnostic ou prescrit un traitement, il engage sa responsabilité de professionnel de santé : il doit avoir vérifié que son appréciation de l’état de santé du patient est exacte et que le traitement qu’il prescrit sera bien toléré. Face à un patient qui ne dit pas tout de ses antécédents ou de ses consultations et dont il peine à appréhender la démarche, le médecin n’est pas dans de bonnes conditions d’exercice. Cela est particulièrement vrai dans le cadre de consultations en urgence. 

Quelles solutions ? 

Le nomadisme médical peut se corriger par l’action conjointe des patients, des médecins et des pouvoirs publics. L’utilisation du nouveau Mon espace santé, par exemple, vise entre autres à limiter les consultations anarchiques et abusives, de même que le parcours de soins coordonnés, qui permet à chaque praticien de pouvoir apprécier l’état de santé de son patient. 

Les médecins sont invités à bâtir une relation de confiance : une personne qui se sent à l’aise avec son médecin n’a pas besoin d’aller consulter ailleurs. Eviter le jugement (notamment sur le corps ou l’apparence), s’adapter aux besoins du patients, l’écouter et l’informer sont autant de moyens qui permettent au patient de parler en toute franchise et en toute sérénité, même de quelque chose qui lui fait peur ou honte. 

Face au nomadisme médical, le professionnel de santé peut aussi choisir de mettre fin à la relation de soins, en orientant le patient vers un autre médecin. Il peut aussi l’inviter à consulter un autre spécialiste s’il l’estime nécessaire. 

Les patients sont invités à choisir un médecin-traitant dans lequel ils ont toute confiance. Le trouver peut parfois prendre du temps, et c’est compréhensible ! Mais dans ce cas, il convient d’en informer chaque médecin que vous consultez, en expliquant simplement les raisons qui vous poussent à chercher un praticien de confiance et en restant scrupuleusement transparent sur vos antécédents médicaux.