Soignants épuisés, patients qui s’entassent, délai d’attente à rallonge… les services d’urgences sont au bord de la crise de nerfs. Pour essayer de juguler cette situation, plusieurs initiatives sont menées par les pouvoirs publics.
Le nombre de passages aux urgences progresse sans cesse ces dernières années : de 16,9 millions en 2009, ils sont passés à 20,7 millions en 2017, selon les derniers chiffres publiés par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). « La progression annuelle de + 2,5 % en moyenne est cinq fois plus élevée que la croissance de la population résidant en France », constate-t-elle. « Cette expansion continue, qui expose les urgences à des tensions et à un risque de saturation, conduit à interroger la pertinence d’une partie des recours aux urgences, plutôt qu’à une autre forme d’offre de soins de premiers recours, analyse la Drees. En particulier, le recours aux urgences de certains patients pourrait révéler un défaut de recours à la médecine de ville, qui conduirait à un excès de fréquentation des urgences. Il pourrait également suggérer un défaut d’articulation entre médecine de ville et services d’urgences, sur lequel travailler pour réguler le nombre de passages aux urgences. »
Mieux coordonner hôpital et médecine de ville
Pour résoudre cette équation complexe, le dispositif baptisé service d’accès aux soins (SAS), prévu par le pacte de refondation des urgences de 2019 et réaffirmé lors du Ségur de la santé en 2020, est expérimenté. Partant du constat qu’entre 30 et 40 % des patients accueillis aux urgences pourraient être pris en charge dans un cabinet, une maison ou un centre de santé, ce nouveau service doit coordonner l’hôpital et la médecine de ville pour permettre d’apporter une réponse 7 j/7 et 24 h/24, en cas d’indisponibilité du médecin traitant. Concrètement, des assistants de régulation médicale orientent les patients vers les urgences ou vers une consultation en ville, selon leurs besoins. Mais le projet, testé sur 22 sites pilotes, patine. Sa généralisation sur tout le territoire, prévue initialement pour le début de l’année 2022, a pris du retard.
Le nouveau forfait unique
Depuis le 1er janvier 2022, le forfait patient urgences (FPU) est, quant à lui, bel et bien entré en vigueur. D’un montant de 19,61 euros à taux plein et de 8,49 euros à tarif réduit (pour les personnes en affection de longue durée par exemple), il est facturé lors de chaque passage aux urgences non suivi d’une hospitalisation. Outre son objectif de faciliter et d’accélérer la facturation pour les établissements de santé, il doit permettre de rendre plus visible le fait que les urgences ne sont pas gratuites. Les patients, informés du prix qui leur sera réclamé, devraient ainsi être moins enclins à se rendre aux urgences quand ils peuvent l’éviter.
Trouver des alternatives aux urgences
Une douleur chronique sans fièvre qui dure depuis plusieurs semaines ou une petite entorse à la cheville qui n’empêche pas de marcher, par exemple, ne constituent pas des motifs de prise en charge en urgence. En journée, la meilleure solution consiste à appeler son médecin traitant qui doit assurer la continuité des soins. Il peut vous proposer un rendez-vous ou vous orienter vers un confrère ou un autre service. La nuit, le week-end ou les jours fériés, chaque agence régionale de santé (ARS) doit assurer la permanence des soins. Vous pouvez alors contacter un médecin de garde en vous rendant à la maison médicale de garde (MMG), en composant le 116 117 (appel gratuit) pour les habitants de la Corse, des Pays de la Loire ou de la Normandie, en appelant SOS Médecin au 3624 (0,15 euro la minute + prix d’appel) ou un numéro local. Si en revanche, vous avez des symptômes inquiétants, appelez le 15 qui pourra vous orienter et, le cas échéant, vous prendre en charge.
Par Benoît Saint-Sever, France Mutualité n°620