Avec la pandémie de Covid-19, l’isolement de plusieurs populations s’est renforcé : étudiants, seniors, parents célibataires… Cette situation représente un véritable enjeu de santé publique, car être coupé des autres nuit gravement à la santé physique et mentale.
Qu’est-ce que l’isolement ?
On parle d’isolement social ou relationnel pour désigner un manque ou une absence d’interactions sociales. Ce phénomène produit de la souffrance, n’est pas toujours bien verbalisé par les personnes concernées, et est causé soit par une vie sociale inexistante, soit par des relations insuffisantes en quantité ou en qualité. La nuance est importante, car une personne qui parle facilement avec ses voisins, son boulanger ou ses collègues peut ne pas avoir l’air isolée mais souffrir tout de même de relations trop superficielles. De même, les nouvelles technologies de communication ne constituent pas de contact social digne de ce nom, qu’importe la fréquence de leur utilisation.
On définit généralement cinq cercles sociaux dans lesquels les individus évoluent :
- Familial
- Professionnel
- Amical
- Affinitaire
- Territorial.
Avoir une vie sociale digne de ce nom, c’est pouvoir évoluer facilement dans chacun de ces cercles et y avoir ou s’y faire des relations de qualité, durables, régulières et en nombre suffisant.
A noter que l’isolement se différencie de la solitude : cette dernière est généralement choisie et peut être interrompue à tout moment, au contraire de l’isolement qui est subi et dont il est difficile de se sortir.
Les causes de l’isolement et les risques pour la santé
On parle souvent de seniors isolés, car l’âge de la retraite est plus propice à l’isolement social, puisqu’il s’agit d’un moment où nous quittons le cercle social professionnel. Cependant, tout le monde peut être touché par le manque d’interactions sociales. Il existe des facteurs qui favorisent cette situation :
- L’éloignement géographique (étudiants à l’étranger, déménagement, ruralité…)
- Le deuil, qui peut couper de certaines relations (amis, belle-famille…)
- La perte d’autonomie
- Le handicap (mobilité réduite, difficultés à évoluer normalement dans certains lieux publics…)
- La pauvreté
- Le chômage, la maladie, des problèmes familiaux, une rupture amoureuse…
Contrairement à la solitude choisie, l’isolement social n’est pas sans conséquences sur la santé physique et mentale. Le repli sur soi a tendance à accélérer la perte d’autonomie, la progression d’un handicap ou d’une maladie et peut favoriser l’apparition de certains troubles psychiques, comme la dépression, les troubles alimentaires, l’anxiété et les addictions. Toutes ces affections, qu’elles précèdent ou non l’isolement, sont particulièrement difficiles à vivre et demandent des soins adaptés. Elles peuvent aussi être prévenues, à condition de pouvoir offrir à chacun suffisamment d’interactions sociales au quotidien.
Les solutions pour prévenir l’isolement
Lutter contre l’isolement social demande une action concomitante de la part des professionnels de santé, des publics concernés et des pouvoirs publics. Plusieurs recommandations sont faites aux personnes isolées et à leurs proches. La première est de faire appel à un psychiatre ou à un psychologue pour évaluer la situation et obtenir des conseils adaptés. Si l’état de la personne concernée le permet, il est généralement recommandé de participer à une activité de groupe comme un engagement associatif, des cours de théâtre, de peinture… Dans certains cas, adopter un animal de compagnie peut aussi aider à rompre l’isolement.
Pour l’entourage, les recommandations dépendent surtout de la disponibilité et de l’éloignement géographique des proches. Essayer de se voir régulièrement, notamment pour des activités à l’extérieur, est un bon moyen de favoriser les interactions sociales. Il est aussi possible de faire appel à des associations de soutien ou à des sociétés d’aide à domicile, qui permettent de maintenir un contact.
Les pouvoirs publics, quant à eux, ont mis en place plusieurs stratégies de lutte contre l’isolement. Des campagnes sont régulièrement menées pour sensibiliser le grand public à l’importance du lien social, en particulier entre les générations. Les collectivités territoriales, par leur proximité avec les citoyens, jouent un rôle central : elles permettent de rassembler les initiatives existantes, de les faire connaître du public et d’encourager les projets. En lien avec l’Education Nationale, plusieurs missions ont déjà été mises en place : jumelage entre écoles et EHPAD, initiative “Une lettre, un sourire”… De même, les projets de coliving sont soutenus par le gouvernement, avec un forfait de cohabitation intergénérationnelle et solidaire.