Près de 20% de la population mondiale serait touchée par l’hypersensibilité, un état psychologique qui fait vivre les émotions en dix fois plus grand. Déménager, tomber amoureux, faire face à un deuil… La sensibilité peut être perçue comme une qualité ou un défaut selon nos habitudes culturelles et sociales, mais ne doit pas empêcher de vivre une vie épanouissante.
Comment se manifeste l’hypersensibilité ?
L’hypersensibilité a d’abord été évoquée par Carl Gustav Jung, avant d’être étudiée par différents psychiatres et psychanalystes. Loin d’être une pathologie, elle se définit par un caractère émotionnel légèrement différent de la norme, qui connaît des émotions fortes jusque dans les plus négligeables expériences du quotidien : regarder un film, changer de voiture, donner de vieux vêtements… Jung en parlera comme d’un “caractère enrichissant”, bien qu’elle puisse, dans certains cas, avoir des conséquences difficiles à supporter pour les hypersensibles.
Cet état peut prendre différentes formes mais se caractérise généralement par des émotions exacerbées, une forte empathie, une grande capacité d’analyse, un bon sens du détail… L’hypersensibilité peut aussi être sensorielle : ne pas supporter le contact avec un tissu, une étiquette qui gratte, un bruit, une odeur… Certains hypersensibles sont extravertis, d’autres sont introvertis, tandis qu’un tiers d’entre eux alternent entre les deux états, pouvant être particulièrement loquaces avec des proches mais silencieux dans un milieu nouveau.
D’où vient l’hypersensibilité et comment la détecter ?
Selon les chercheurs, les différences de sensibilité entre les individus sont au moins pour moitié dues à un facteur génétique. Certains sont donc biologiquement plus sensibles, plus fortement affectés par leurs expériences, avec les avantages et les inconvénients que cela implique : grande capacité d’identification, d’empathie, mais aussi fragilités et fatigue émotionnelle plus prononcées. L’environnement est aussi à l’origine de l’hypersensibilité. Elle peut parfois se développer en réponse à un traumatisme, à un environnement familial difficile, à une scolarité chaotique…
L’identification de cet état repose généralement sur un autodiagnostic, mais il peut être judicieux de le faire confirmer par un psychiatre, un psychologue ou un psychanalyste. Une sensibilité exacerbée peut être cause de souffrance, de mal-être, ou signe d’une affection plus profonde comme le syndrome d’Asperger, un haut potentiel intellectuel, un stress post-traumatique…
Pour diagnostiquer l’hypersensibilité, le professionnel de santé s’appuie sur les habitudes de vie du patient, en remontant jusqu’à l’enfance. Par la suite, un suivi psychologique n’est pas forcément nécessaire, à moins que les conséquences de l’hypersensibilité ne soient particulièrement difficiles à vivre.
Vivre en hypersensible épanoui
Pour la plupart des hypersensibles épanouis, poser un mot sur leur état émotionnel suffit généralement à bien vivre avec. Il convient alors d’être particulièrement à l’écoute de ses émotions afin de ne pas se laisser submerger. Avec le temps, les hypersensibles parviennent à identifier les émotions difficiles à maîtriser et à ne pas se laisser dominer par celles-ci. Mais le plus important est de faire de son hypersensibilité une force, en acceptant cette caractéristique émotionnelle avec sérénité. Si un suivi médical n’est pas indispensable pour vivre en hypersensible épanoui, un accompagnement psychologique peut se révéler important, notamment dans certaines étapes de la vie : adolescence, rupture, divorce, naissance, décès… Certaines pratiques comme le sport ou la méditation peuvent également aider à se recentrer sur soi-même pour gérer l’afflux d’émotions, au quotidien comme dans les moments difficiles.