Le 23 février 2021, le gouvernement a annoncé la mise à disposition gratuite de protections hygiéniques pour les étudiantes. L’occasion de revenir sur un grand tabou : l’accès difficile aux serviettes et tampons, qui sévit même dans les pays riches.
La précarité menstruelle, un enjeu de santé publique
En moyenne, une femme a ses règles 2 250 jours de sa vie, soit six ans au total. On parle de précarité menstruelle lorsqu’une personne réglée n’accède pas ou difficilement aux protections périodiques nécessaires. Elle peut avoir pour origine le manque d’informations ou d’accès à l’hygiène, mais aussi le coût des serviettes, tampons, sous-vêtements de rechange… Sans protections appropriées, les femmes risquent le décrochage scolaire, l’exclusion du monde du travail, de la pratique sportive… Présente dans les pays pauvres, la précarité menstruelle touche aussi les femmes en prison, les personnes précaires, les étudiantes, les travailleuses pauvres et les personnes sans abri. En France, 1,7 million de femmes manquent de protections hygiéniques suffisantes (sondage Ifop, 2017). Ne pas avoir assez de tampons ou serviettes, ne pas les changer régulièrement ou recouvrir au système D (papier journal, vieux linge, bouteille en plastique…) peut causer des inconforts, des démangeaisons, des infections voire des chocs toxiques ou des septicémies.
En France, des voix s’élèvent pour un meilleur accès aux protections périodiques
Le débat revient régulièrement sur la scène politique, comme en 2015 avec la polémique de la “taxe tampon”. En effet, les protections hygiéniques étaient alors soumises à une TVA de 20%, donc considérées comme produits de luxe ! En 2016, les tampons, serviettes, culottes et coupes menstruelles deviennent officiellement des produits de première nécessité, taxés à seulement 5,5%. Mais les grandes marques n’ont pas répercuté la baisse de la TVA sur leur prix de vente, qui reste inchangé. Toujours en 2015, une étude britannique estime à 23 500€ le coût des règles sur toute une vie : protections, mais aussi sous-vêtements, draps, nettoyage du linge souillé…
En 2020, c’est avec le confinement et la précarité grandissante des étudiants que le sujet revient : que faire lorsqu’on doit choisir entre manger et s’acheter des tampons ? Si certaines associations organisent des collectes à destination des personnes précaires, les protections ne sont pas encore distribuées en quantités suffisantes. Quant aux solutions plus durables, comme les culottes de règles ou la coupe menstruelle, elles représentent un investissement élevé à l’achat, en plus de nécessiter un accès à des conditions d’hygiène irréprochables. Pas facile lorsqu’on vit dans la précarité ou la pauvreté.
Lutter contre la précarité menstruelle
A partir de la rentrée 2021, des distributeurs de protections gratuites seront déployés sur l’ensemble des campus universitaires. Bien que cette avancée soit essentielle, elle est loin d’être suffisante. Des associations organisent donc des collectes pour redistribuer serviettes et tampons à des femmes en situation de précarité. C’est le cas de Règles élémentaires : vous pouvez retrouver ici leurs points de collecte pour apporter serviettes, tampons, coupes menstruelles neuves, gels anti-bactériens et lingettes intimes.
La MCF s’engage contre la précarité menstruelle des étudiantes
Depuis 2019, la MCF offre un forfait de 30€ à toutes les étudiantes (dès les premières règles jusqu’à la fin des études supérieures, sans justificatif) pour faire face aux coûts liés à l’achat de protections périodiques. Plus d’informations ici.