Le valproate est la molécule à l’origine du scandale de la Dépakine. D’abord interdit pendant la grossesse, il ne pourra désormais plus être prescrit aux femmes en âge de procréer. Cette contre-indication, décidée par la Commission européenne à la demande de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), est appliquée en France depuis la fin du mois de juin.
En effet, les médicaments qui contiennent cette substance sont susceptibles d’entraîner des malformations et des troubles neuro-développementaux chez les enfants exposés in utero. D’après une étude publiée l’an passé, entre 2 150 et 4 100 enfants ayant été en contact avec la Dépakine ou ses dérivés pendant la grossesse de leur mère depuis 1967 seraient aujourd’hui atteints d’au moins une malformation congénitale grave. De son côté, l’Agence européenne des médicaments (EMA) révélait, en 2014, que 30 à 40 % des enfants exposés au valproate in utero présentaient des troubles tels que « des retards dans la marche et le langage, des problèmes de mémoire, des difficultés de langage ou d’expression et de moindres capacités intellectuelles».
Dès juillet 2017, face à l’utilisation encore trop importante du valproate chez les femmes enceintes ou susceptibles de le devenir, l’ANSM avait décidé de le contre-indiquer pour cette population dans le traitement des épisodes maniaques des troubles bipolaires. Sur les boîtes des médicaments concernés (Dépakote, Dépamine), avaient alors été apposées les mises en garde : « Valproate + grossesse = interdit. Ne pas utiliser chez les femmes en âge de procréer et sans contraception efficace, ou enceinte. » Le 7 juin dernier, cette décision a été validée par la Commission européenne et étendue aux boîtes des traitements de l’épilepsie. La prescription chez ces femmes reste toutefois exceptionnellement possible en cas d’inefficacité ou d’intolérance aux alternatives disponibles. Mais, si la molécule est la seule option de traitement possible, « les grossesses doivent absolument être évitées », précise l’ANSM.